Rôle du mâle sur les performances reproductrices des femelles phytophages

Importance de la plante hôte : le cas des ravageurs de la vigne et de leurs cépages

Porteur(s) : Université de Bourgogne

Responsable(s) scientifique(s) : Jérôme Moreau (UMR Biogéosciences)

Coût total 2014 : 6 000 €

Financeur(s) : Conseil Régional de Bourgogne ; Université de Bourgogne

Présentation

Les insectes phytophages sont considérés comme responsables de 20 à 50 % des pertes pré- et post-récoltes à l’échelle mondiale. Leur abondance est déterminée par l’influence de facteurs biotiques et abiotiques qui affectent leurs traits de vie et in fine la taille de leur population. Le potentiel reproductif des femelles dépend largement de la croissance de la chenille et de la qualité de la plante hôte sur laquelle elle effectue son développement. Par ailleurs, chez beaucoup d’espèces d’insectes, lors de l’accouplement, la femelle reçoit du mâle un spermatophore contenant les spermatozoïdes indispensables à la fécondation des œufs ainsi que des sécrétions annexes produites par les glandes accessoires. Ces sécrétions constituent un « cadeau nuptial », que la femelle mobilise afin d’augmenter sa fécondité. La qualité de ce spermatophore dépend de la qualité de la nutrition du mâle pendant son développement larvaire et a le potentiel de moduler le succès reproducteur de la femelle avec laquelle il s’accouple (Gillot 2003). Il est donc indéniable que le mâle peut jouer un rôle important dans la dynamique des populations de ravageurs via la qualité des spermatophores qu’il transmet aux femelles avec lesquelles il s’accouple. Curieusement, cet effet mâle est rarement considéré comme un facteur capable de moduler le potentiel reproducteur des phytophages. En effet, très peu d’études se sont intéressées à rechercher l’influence des plantes hôtes sur la qualité des spermatophores produits par le mâle et encore moins d’études existent sur les répercussions que cela pourrait avoir sur la reproduction des femelles et en retour sur la dynamique des populations des ravageurs (Delisle and Bouchard 1995). Ainsi, il est attendu que la qualité des spermatophores produits par les mâles devrait varier selon la plante hôte sur laquelle ils se sont développés. Cette variation devrait fortement affecter les performances reproductives des femelles et contraindre celles-ci à développer des stratégies de choix de partenaire en fonction de la plante hôte sur laquelle ce dernier s’est développé. Ce manque de connaissance est largement dommageable dans notre compréhension de l’effet des plantes hôtes sur la dynamique des populations de ravageurs et ce projet propose de lever le voile sur cet effet mâle.

L’objectif de ce projet sera alors d’identifier l’influence de la plante hôte sur les performances reproductrices des mâles chez les insectes phytophages et d’en évaluer les conséquences sur l’évolution de stratégies de choix de partenaire chez les femelles. Nous utiliserons comme modèle biologique l’un des principaux ravageurs de la vigne Lobesia botrana (Lepidoptera). Ce papillon est un modèle biologique idéal pour tester l’influence de la plante hôte sur la qualité des mâles. En effet, nos travaux précédents ont montré que la fécondité des femelles dépend du cépage de vigne sur lequel son partenaire s’est développé au stade larvaire (Moreau et al. 2007). Ces résultats soulignent donc un rôle important du cépage de vigne sur les performances reproductrices des mâles et des conséquences importantes pour les femelles.

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